Ma réaction suite à la publication du rapport Duron sur l’avenir des trains d’équilibre du territoire et ses impacts sur notre région …
Contexte
La transversale Sud est la ligne ferroviaire reliant Nice à Bordeaux. Cette ligne est empruntée par une multitude d’acteurs dont les trains d’équilibre du territoire de bout en bout ou jusqu'à Marseille.
Zoom sur le financement TET
Lors du conventionnement avec l’Etat 2011, c’était :
*750 M€ de recettes ;
*1 Md d’€ de charges ;
*déficit de 250 M€ financé par une taxe sur le CA des entreprises ferroviaires (220 M€) dont essentiellement la SNCF + une taxe sur les sociétés d’autoroute (30 M€) ;
Le déficit a aujourd’hui dérivé à 320 M€, à la charge de la SNCF, l’Etat n’acceptant pas d’ajuster l’offre de service pour compenser.
La convention triennale 2011/2013 avait été prolongée d’un an pour l’année 2014.
La SNCF travaille sur une nouvelle convention d’un an pour l’année 2015 uniquement, à la demande de l’État qui entend maintenir exactement tous les services TET à l’identique en 2015.
Il semblerait qu’elle soit prolongée de six mois.
L'offre actuelle sur notre région :
L’offre actuelle des TET est de 6 A/R entre Marseille et Bordeaux, dont 1 prolongé à Nice (il existe des variations les WE).
Sur ces 6 A/R, la moitié sont des trains « caboteurs » s’arrêtant à Arles, l’autre moitié étant des trains rapides sans arrêt à Arles (de même ils ne marquent pas les arrêts Sète, Béziers, Carcassonne, Agen…).
Les propositions de modifications proposées par la SNCF et Philippe Duron sont les suivantes, normalement pour le service 2017 :
"L’impossibilité de mettre en place des dessertes rapides (vitesse commerciale de l’ordre de 140 km/h) entre les 5 grandes métropoles régionales (Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Nice) du fait du très grand nombre de circulations voyageurs et fret toutes entreprises ferroviaires confondues, renforcée par la forte hétérogénéité des missions entre TGV, Intercités, TER inter-ville et TER à desserte fine, très consommatrice de sillons, conduit la commission, après analyse des flux de la ligne, à préconiser :
· La mise en place d’un sillon unique TET entre Bordeaux et Marseille comportant la desserte de 8 gares intermédiaires : Agen, Montauban, Toulouse, Carcassonne, Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes ;
· Le maintien de la commercialisation intégrant la garantie de place assise et la tarification flexible ;
· L’adaptation des fréquences :
o doublement sur Toulouse-Marseille : 12 trains par jour;
o augmentation sur le prolongement Bordeaux-Toulouse : 9 trains par jour ;
o prolongement Marseille-Nice : reprise en correspondance à Marseille du fait de la desserte très abondante TER et TGV ;
· Ces mesures s’accompagnent d’un redimensionnement du parc de matériel roulant :
o en situation intermédiaire : refonte des horaires et optimisation du parc de rames tractées et de locomotives ;
o renouvellement du matériel roulant : automotrices électriques à haut niveau de confort. "
Les dessertes d'Arles et de Sète… seraient supprimées.
Les TET desservent actuellement Arles 6 fois par jour tous sens confondus. L'impact est donc important avec une réduction de 56 à 50 trains vers Marseille mais dramatique vers Nimes avec une réduction de 17 à 11 trains.
Si la Région devait compenser ces suppressions en prolongeant des TER de Miramas vers Nîmes, cela représenterait un coût de 1,5M€ … Le rapport Duron ne semble pas prévoir de véritables compensations financières pérennes et dynamiques.
A noter le caractère injuste du choix proposé, en effet, les TET continueraient de desservir deux gares entre Bordeaux et Toulouse, puis trois entre Toulouse et Montpellier et une seule entre Montpellier et Marseille. Il convient donc demander un rééquilibrage entre les différentes régions. A noter aussi que la région LR a 5 gares desservies ...
Plus de desserte au-delà de Marseille (fin du Bordeaux Nice) ... à noter que son remplacement par un TER représenterait un coût d'environ 2M€ par an pour la Région ;
L'enclavement du 06 s'accentue ainsi ...
J'ai proposé à plusieurs reprises à Philippe Duron et à la SNCF de desservir Marseille en déplaçant l'arrêt à Marseille Blancarde au lieu de St Charles ce qui permettrait un gain de temps d'environ 25mn
Et le Cévenol ?
« Proposition d’évolution de la commission Duron :
Le manque d’alternative routière crédible et le potentiel touristique de la ligne conduisent la commission à préconiser le regroupement de l’aller-retour TET et des deux allers-retours TER sous la gouvernance inter-régionale afin d’optimiser les ressources utilisées entre Clermont-Ferrand et Nîmes. »
J’avais proposé à la SNCF et à Philippe Duron (ainsi qu’à mes collègues Vices Président transports des Régions LR et Auvergne voir ma lettre ) une convention tripartite Etat / SNCF / Régions afin de remettre en place le parcours Clermont Ferrand / Nîmes / Marseille avec un matériel unique afin de recréer un lien de service public entre nos 3 régions. Ce n’est pas pris en compte ! Il est proposé un désengagement supplémentaire de l’Etat et une volonté de transfert sur les Régions. Ce n’est pas acceptable !
Un Zoom sur la situation du train de nuit Briançon / Paris:
Le rapport Duron indique :
"Le périmètre des lignes de nuit doit être recentré sur les dessertes qui ont une véritable utilité sociale.
La situation des trains de nuit appelle un examen approfondi. En effet, si la commission a relevé que la quasi-unanimité des acteurs du ferroviaire constate la difficulté à redresser le modèle économique des lignes de nuit, et si elle note le développement à venir d’une offre autocar de nuit sur certaines dessertes, elle a également entendu le fort attachement des acteurs locaux à ces dessertes.
Elle propose de s’accorder sur le maintien de l’ensemble des dessertes qui ne disposent pas d’une offre alternative suffisante, notamment en raison de leur caractère relativement enclavé (lignes Paris – Briançon, et Paris – Rodez / Toulouse – Latour-de-Carol21). La commission considère par ailleurs qu’il convient de limiter cette offre à une desserte quotidienne, le maintien de pointes annuelles entraînant d’importants besoins d’investissement en parc de matériel roulant, pour des rames très peu utilisées."
Selon moi, c'est un premier pas qui doit rassurer nos amis des Hautes Alpes qui se sont bien battus.
Par contre le fait de limiter l'offre à la seule desserte quotidienne revient à dire qu'il ne serait plus possible de faire des trains supplémentaires durant la saison d'hiver pour acheminer les touristes dans les stations de montagne...
D'autre part, la pérennité de ce train ne sera réelle que lorsque l'Etat, autorité organisatrice, aura un projet fiable et financé de renouvellement du matériel roulant.
A noter aussi que notre région perd trois trains de nuit qui desservent Toulon et la Côte d'Azur en provenance de Paris (à vérifier), Luxembourg et Strasbourg.
Le rapport Duron indique:
"Ainsi, les quatre autres dessertes existantes bénéficient d’offres de mobilité alternatives de bon niveau, ce qui ne justifie pas de maintenir un service de nuit :
les liaisons Paris – Hendaye et Nord-Est-Méditerranée (ligne dite « Quadritranche »), prenant acte de l’ouverture d’une liaison à grande vitesse et de l’existence d’une offre aérienne ;
les dessertes Paris – Côte Vermeille et Paris – Savoie, qui bénéficient quant à elles d’une desserte à grande vitesse.
La commission est consciente de situations où ces trains de nuit assurent, dans les faits, le service d’un TER de début de journée sur certaines portions de ligne. Pour nécessaires que soient ces dessertes, elles ne peuvent justifier à elles seules le maintien de ces lignes de nuit. Une étude complémentaire, au cas par cas, permettra de déterminer les modalités de reprise éventuelle de ces trafics."
Je vais donc continuer à intervenir auprès de Philippe Duron, mais surtout, maintenant, auprès du Ministre Vidalies et de Guillaume Pépy, Président de SNCF dont ses services sont à l’origine de ces propositions.